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"In agriculture we trust"
7 mars 2012

Accord UE/Maroc : Quand l’Europe place ses producteurs sur l’autel des sacrifices

 tomatesbyAlexandreRuyer

Dessin : Alexandre Ruyer pour JA MAG

Un (mauvais) pas de plus a été franchi le 16 février 2012 quand le Parlement européen a ratifié la libéralisation des échanges entre l’UE et le Maroc pour les produits issus de l’agriculture et de la pêche ! Concrètement, cela va engendrer la levée sans délai de 55 % des droits de douane sur les produits agricoles de l’UE et de 77 % sur ceux du Maroc sur une période de 10 ans dans le respect des normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales européennes. Une aubaine pour le secteur agricole exportateur marocain (15 à 20 % du Pib, 12 % des exportations du pays, 38 % de la population active). Une faveur est faite à quelques grands groupes marocains, mais en aucun cas cela aidera les petits agriculteurs. On peut certainement penser que les installations marocaines seront remises en question du fait d’un appauvrissement des ressources naturelles, sans parler des problèmes environnementaux qui y seront liés.

Les conséquences pour la filière fruits et légumes française, et tout particulièrement dans le secteur de la tomate, pourraient être dévastatrices. Mettant à mal la visibilité économique, cet accord remet en cause les installations existantes et futures, sans parler des emplois qui y sont associés. La production européenne et française ne peut entrer en concurrence avec des coûts de main d’œuvre très bas et des droits de douane quasi inexistants. Au vu de cet accord, il faudra être vigilants quant à l’avenir de toutes les filières (vaches allaitantes, fruits…) et à de futurs accords avec d’autres pays tiers.

tomates

 Les politiques nous parlent de souveraineté alimentaire et de contribution des agricultures européennes à nourrir la planète. Demain, y-aura-t-il encore des agriculteurs en Europe pour ça ?  Et pourtant, « JA, Légumes de France et le Copa-Cogeca se sont battus contre cet accord. Des cessations d’activités et des licenciements vont suivre », dénonce Roger Choix, coadministrateur national pour JA du dossier Fruits et légumes. 

 Alors que le projet de l’UMP nous dit que « l’Europe doit défendre dans les négociations commerciales, qu’elles soient bilatérales ou multilatérales, un principe de réciprocité. Réciprocité dans l’ouverture des marchés. Réciprocité dans les normes, notamment sociales et environnementales, qui sont appliquées », cette même famille politique, à l’heure de voter, ne suit plus ses propres idées. De même, François Hollande, dans son programme de campagne, nous dit vouloir défendre l’agriculture française. Pourtant les eurodéputés PS ont voté en faveur de cet accord. Il s’agit là plutôt d’un sacrifice que d’une quelconque protection.

 Autrement paradoxale, comment expliquer que les eurodéputés français, du PPE et du S&D, qui avaient conjointement dénoncé ces accords en Comagri, ont voté en majorité en faveur de la libéralisation des échanges, ou au mieux se sont abstenus en plénière. Il y a là un paradoxe difficilement acceptable. Messieurs, vous devez respecter au niveau européen vos engagements pris en France !

En conclusion, cet accord ne va pas dans le sens d'une agriculture durable, ni pour l'Europe, ni pour le Maroc,  puisqu'il bafoue ses 3 piliers. C’est là le choix d'une économie minière à court terme.

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Commentaires
A
Bonjour Jean-Michel,<br /> <br /> <br /> <br /> j'avais analysé différemment la même situation (ce qui explique peut-être le "paradoxe" que vous mentionnez à la fin de votre article) :<br /> <br /> <br /> <br /> http://wikiagri.fr/articles/laccord-de-libre-echange-agricole-europe-maroc-fait-parler/51<br /> <br /> &<br /> <br /> http://wikiagri.fr/articles/et-si-la-chine-inventait-lagriculture-delocalisee-/57<br /> <br /> <br /> <br /> Que pensez-vous de cette autre lecture de l'actualité ?
"In agriculture we trust"
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