3 questions à Nicolas MOUSNIER sur l'avenir de la filière ovine
Nicolas Mousnier, membre du Bureau et responsable du dossier ovin à Jeunes Agriculteurs et représentant au sein de la FNO.
Il participera le 8 septembre à une table ronde qui se déroulera lors du salon Tech’ovin de Bellac.
1. Tout laisse à penser que l’élevage ovin est dans une situation catastrophique : des aides Pac mal réparties, des prix de vente des agneaux au plus bas, victimes de la mondialisation des échanges et ce depuis presque 20 ans.... Vous confirmez ?
Effectivement, on pourrait le croire. Les producteurs qui survivent, n’investissent pas, se démotivent, un manque de recherches dans la filière et un vieillissement de la population ... On pourrait penser que tous les ingrédients sont réunis pour signer le dépôt de bilan de l’élevage ovin en France, 3ème troupeau européen et élément important de notre patrimoine et notre culture ; du Moyen-âge où le développement de l’agriculture se fit avec l’élevage notamment ovin, jusqu’à Napoléon, qui organisa l’importation de brebis mérinos pour produire de la laine et habiller ses troupes !
Pourtant, tout n’est pas perdu, bien au contraire : avec ses 6,5 millions de brebis dont 85% sont en zones défavorisées, et une population d’éleveurs dont 40% seront à renouveler dans les 15 ans, c’est un vivier d’installations immense. L’élevage ovin peut notamment accueillir des jeunes non issus du milieu agricole, car les investissements de départs sont un peu plus faibles qu’en élevage allaitant par exemple, avec un capital qui revient plus vite (5 mois de gestation et 3 à 4 mois d’élevage de l’agneau avant de le commercialiser).
2.Pour vous, la filière ovine a encore du potentiel pour installer des jeunes ?
Oui, bien sûr, la filière ovine peut installer, notamment par les territoires qu’elle peut occuper : les brebis s’adaptent à bien des systèmes, aussi bien des systèmes pastoraux de montagne, que de zones de grandes cultures, où le retour de l’élevage apporte des effluents, valorise des cultures intermédiaires et des co-produits. L’élevage ovin contribue à l’entretien du territoire, et permet de dégager un revenu sur des petites structures limitées en foncier ….
3. De quoi a besoin la filière pour installer demain ?
La filière ovine doit être soutenue afin d’attirer de nouveaux éleveurs : le rééquilibrage des aides (qui sont, après 20 ans d’attente, à la hauteur des aides perçues par d’autres filières) ramène de la rentabilité, mais elle doit s’accompagner de productions d’agneaux supplémentaires. Elle doit rester forte pour ne pas passer inaperçue aux yeux des consommateurs. L’appui technique rénové par France Agrimer doit maintenant permettre à des éleveurs d’augmenter leur productivité, élément essentiel pour augmenter le revenu des agriculteurs. Mais cela ne suffira pas à attirer de nouveaux jeunes ! C’est pour cela que la FNO et les JA travaillent en commun pour mettre en place des outils de communication et d’accompagnement pour continuer à installer demain.